« Mécanique du grec ancien Μηχανική (mèchanikê), l’art de construire une machine… La mécanique est une branche de la physique, dont l’objet est l’étude du mouvement, des déformations ou des états d’équilibre des systèmes physiques. »
Jusqu’à peu, la notion de mécanique englobait aussi bien l’étude scientifique des corps en mouvement que la théorie des machines. De l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge, la mécanique statique a été le 1e domaine étudié par les savants. Des notions fondamentales telles que l’équilibre (le bras de levier d’Archimède) ou encore la notion de force ont été étudiées et appliquées.
Avec la Renaissance européenne et les Temps Modernes, de Galilée à Newton, l’intérêt s’est porté vers la dynamique, c’est-à-dire les phénomènes qui régissent le mouvement des solides et la chute des corps.
Longtemps, la mécanique se séparait en deux branches :
. La mécanique du point d’un côté, où les objets étudiés sont implicitement indéformables, donc le mouvement du solide entier peut être décrit par le mouvement de son centre de gravité (point remarquable de l’objet).
. La mécanique des fluides de l’autre, observation de la nature des liquides et des gaz.
Du moment où l’on a commencé a découvrir les 1e théories des solides déformables la mécanique des solides et la mécanique des fluides ont été réunies dans un même cadre : celui de la mécanique des milieux continus.
Un temps, un courant des sciences mathématiques s’est proposé de réduire la mécanique à la notion de « mécanique relationnelle ». C’est à dire de réduire la notion de force à une grandeur quasi-géométrique en l’assimilant à une grandeur duale du déplacement par l’intermédiaire d’une forme linéaire : l’énergie mécanique. Faisant valoir que la force ne servait que d’intermédiaire algébrique, dans la résolution des questions mécaniques. Mais que ni l’énoncé d’une telle question, ni sa solution exprimée comme une trajectoire, une nouvelle position d’équilibre ne la faisait paraître explicitement : on pouvait donc rêver d’une mécanique se passant complètement de la notion de force. Une abstraction de ce qui peut constituer le terme même de mécanique. Le prix à payer était une simplification brutale et naïve du comportement de la matière : fil inextensible, solide rigide, fluide parfait et incompressible.
À l’inverse et parallèlement, un autre formalisme prenait naissance pour expliciter le mouvement des solides : l’approche dite « mécanique analytique », qui prenait comme axiome non plus l’équilibre des forces et de l’accélération, mais l’existence d’un potentiel d’énergie minimal auquel obéit tout mouvement de solide. Cette approche a permis de développer un formalisme radicalement différent. Les principaux domaines de la physique ayant recours à la « mécanique analytique » sont la physique du solide et le mouvement de mécanismes complexes tels que les bras de robot. Mais malgré différentes tentatives, l’édifice axiomatique ne parvint ni à rendre compte du principe de causalité, ni à justifier l’existence de repères privilégiés inertiels, ni a contrario à exhiber un invariant énergétique indépendant du repère d’observation. En outre, la mécanique rationnelle s’est en bonne partie figée sur la physique du 19e siècle, c’est-à-dire juste avant l’émergence de la physique statistique, de l’électromagnétisme classique, et de la théorie classique du rayonnement. Elle peina à intégrer les méthodes et résultats : phénomènes d’irréversibilité et de turbulence notamment de ces trois disciplines.
Aujourd’hui la mécanique explore de nouveaux champs et se déplace dans des paradigmes immatériels et numériques, à travers ses courants historiques, elle se construit de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Elle reste cependant implicitement liée à notre imaginaire constructif, comme son acception première : « l’art de construire une machine ». Nous nous attarderons ici à la théorie des machines.
Car au delà de question des techniques dans l’art, il s’agira de questionner les processus de fabrications des œuvres, l’envers du décors du « faire », de la fabrication et de ses modes opératoires. Bien souvent, la réalité de l’artiste contemporain se situe hors dans la mise en œuvre des son propre travail. Pour des raisons économiques il se déplace dans la construction et la régie d’expositions, appelé à jouer un rôle d’acteur actif dans l’ingénierie de montage d’exposition, il développe un savoir-faire « mécanique ».
L’exposition Bricodrama propose de mettre en perspective ce savoir faire, de l’artiste en « maker ». Même poétique il développe une « connaissance scientifique de l’histoire » qu’il écrit à travers ses actions.
Enfin ces réflexions autour de la construction, de la bricole ou de la mécanique, nous questionnent et nous renvoient à une dialectique de classe : l’ouvrier qui construit, qui fait parler l’intelligence de ses mains.
L’artiste travaille aussi dans un atelier. Dans le même temps, il fait un travail de recherche, de développement, pour finir par la construction. Il fabrique ses propres outils, qu’il consigne dans autant de descriptions de processus que de façons de suivre le processus…
Stéphane Castet & Philippe Pitet
Juillet 2017
Retrouvez ce texte dans son intégralité ainsi que les croquis du Bricologue par Stéphane Castet en ouverture du cahier « Chute » autour de la bricologie en écho à Bricodrama dans le numéro 32 de la Revue Multiprise…
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